Le jeudi 6 septembre, AVENIR DIRIGEANT a invité Bruno CANDELIER, directeur associé d’Apax Partners, à venir partager avec les clients du cabinet sa longue expérience comme responsable des investissements sur le secteur consumer depuis 17 ans.
En introduction, Bruno nous donne quelques repères utiles sur le marché du Private Equity.
4 métiers distincts se partagent ce secteur, avec des stratégies d’investissement différentes :
- Le Capital Innovation: plutôt orienté Start up, avec un ticket moyen de 1,5M€ et une prise de participation minoritaire.
- Le Capital Développement: la phase « d’après les Start up », sociétés profitables qui ne génèrent pas assez de cash, augmentation de capital sans effet de levier, avec un ticket moyen de 3 à 4 M€ et une prise de participation minoritaire.
- Le Capital Transmission ou LBO: achat de titres avec effet de levier, un mix de fonds propres et d’endettement, avec un ticket de 10 à 100M€ € et une prise de participation souvent majoritaire.
- Le Capital Retournement: pour les sociétés en difficulté.
Les chiffres démontrent la vitalité de ce secteur : 14,3 Mds d’euros investis en 2017 en France dans 2412 sociétés. Le ROI est de 10,8% annuel sur les 15 dernières années. A date, 7000 sociétés accompagnées par plus de 300 sociétés d’investissement.
Apax est sur le segment de la Transmission-LBO, avec uniquement des prises de participation majoritaire, créant des relations plus équilibrées entre le dirigeant et les investisseurs, dans un objectif clair de création de valeur intrinsèque.
Bruno contredit aussi l’idée fausse mais répandue selon laquelle les fonds achètent « pas cher », créent de l’endettement, maximisent la réduction de coûts pour revendre avec une forte plus-value. En effet, la création de valeur se fait majoritairement par le résultat, le plus souvent généré lui-même par la croissance organique, qui s’obtient essentiellement par l’augmentation des ventes, l’extension de l’offre et le développement sur de nouveaux marchés.
Ainsi, avant d’approcher un fond, Bruno recommande-t-il de bien comprendre les leviers de la création de valeur, les viviers de croissances attendus ainsi que les axes stratégiques de développement des cibles.
Pour en savoir plus sur APAX, acteur historique du marché avec 80 milliards d’investissement et un portefeuille de 25 sociétés.
Cet échange passionnant a été suivi de questions toutes aussi intéressantes.
Quelles sont les opportunités offertes par les fonds ?
Sur les 25 sociétés gérées actuellement par APAX, il y a 2 à 3 postes ouverts, en conséquence lorsqu’une personne en recherche d’opportunité approche un fond, elle doit venir avec une approche concrète et claire, à savoir :une « offre » et définir la manière dont elle souhaite intervenir dans l’une des sociétés du portefeuille. Cela implique en amont de s’être renseigné sur la société visée, sur le marché, le contexte …
Dans l’optique d’une reprise d’entreprise, il est conseillé de venir avec des cibles, des idées, etune proposition et identifier également les éléments pour lesquels on a de la valeur.
Quel niveau d’implication a un fond sur le recrutement ?
APAX ne fait des investissements qu’avec des équipes en place ; le Numéro 1 de l’entreprise est la personne sur laquelle on mise. Nous pouvons intervenir dans le choix des hommes.
Dans le cas d’un DAF, qui est un poste clef, celui en place doit remplir la feuille de route. Mais selon le plan de marche et l’accroissement du périmètre, si le DAF en place ne possède pas l’expertise, on va renforcer par le haut.
Dans l’intégralité des sociétés de notre portefeuille, il y a des évolutions dans l’équipe dirigeante entre le moment où l’on achète et celui où l’on revend. Lorsque nous triplons la taille d’une entreprise, nous avons évidemment besoin de faire évoluer les structures.
APAX est dans une logique de partenariat et ne s’inscrit pas dans la gestion opérationnelle.
Quel processus choisit APAX pour recruter ?
Pour remplacer des équipes dirigeantes nous n’avons aucun droit à l’erreur. Nous avons recours en priorité à des Chasseurs de tête pour objectiver et viser des profils et besoins extrêmement ciblés.
L’équipe dirigeante est-elle toujours partie prenante dans l’investissement ?
Apax investit dans des sociétés valorisées entre 30 et 500 M€ avec, dans sa stratégie, l’excellence du management qui reste une priorité. Parmi nos critères, l’alignement des intérêts suppose un investissement à nos côtés, dans des termes à définir. Pour autant, un dirigeant ne doit pas mettre tout son patrimoine à risque dans son investissement, parce que si la situation devient difficile, on veut que le dirigeant puisse continuer à prendre des décisions sereinement.
Il n’y a pas véritablement de standard en matière de niveau d’investissement, ce doit être tangible et proportionnel à l’implication dans la société. On demande plus à un CEO qu’à un directeur de BU, et aussi plus à un dirigeant précédemment exposé à une opération capitalistique. En tant qu’associés du fonds nous investissons également à titre personnel, ce qui nourrit sainement les débats lors des choix d’investissements.
Comment identifie-t-on les sociétés cibles ?
Nous avons 4 grands secteurs d’expertises et des équipes dédiées par secteur. Cela passe par de la veille, identifier des sociétés cibles, les suivre, les rencontrer lorsque c’est possible. Ce sont des cycles très longs, 3 à 5 ans, à partir d’un contact initié avec un dirigeant. On déroule le fil l’histoire initiale, on évalue, on jauge, à l’aune du contexte, des évolutions du marché.
Compte tenu des montants de nos transactions, une banque d’affaire pilote toujours ces projets et met en concurrence plusieurs fonds. Chez APAX, jusqu’à 70/80 personnes travaillent sur un projet de reprise et nous nous faisons aider par des sociétés de conseil et des experts, voire des sociétés d’expertises ponctuelles, du type GLG*.
Quels profils travaillent au sein des fonds ?
En Capital Innovation, il y a des profils assez variés, ce sont le plus souvent des Tech, des anciens opérationnels.
Dans le LBO,ce sont des profils issus plutôt issus du conseil en stratégie, de la banque d’affaire ou encore de l’audit financier. Apax ne recrute que des juniors, que nous formons.
Ensuite et selon le projet et le fond, il peut y avoir des Operating Partners, souvent des anciens dirigeants qui apportent un savoir pointu sur un secteur donné ou une thématique opérationnelle. Certains sont en full time et s’impliquent sur l’ensemble du portefeuille. Cependant, il y a aussi du part time alloué à une société, ce sont des « Non Executive Board Members ». Lorsqu’un expert est intervenu en amont, on peut être amené à lui proposer une mission.
Il y a également un Secrétariat général avec des profils assez conformes aux sociétés de gestion classiques.